Démesure. Gigantisme. Immensité. Ce sont les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsque l’on pense à la Chine, celle qui ne dort jamais, urbaine et connectée, fourmillante et hyperactive. Et pourtant, à y regarder de plus près, la Chine de l’infiniment grand est aussi celle de l’infiniment petit. L’art du détail, la grâce des gestes ancestraux, la lenteur dans un mouvement de Qi Gong… C’est aussi cela, la Chine. Une recherche constante d’harmonie entre les forces contraires - yin et yang, passé et futur, sens des affaires débridé et temps de méditation.
Cette Chine qui avance si vite, qui puise son énergie dans la santé du corps et de l’esprit, dans la chaleur des relations humaines, dans la solidarité entre les travailleurs, a gagné ses galons de grande puissance et se préoccupe désormais d’embellir son cadre de vie. Et c’est bluffant. Vu de France, on ne peut imaginer la modernité des infrastructures, le développement des énergies vertes, l’intelligence de l’urbanisme déployé dans des centaines de villes, restaurées avec soin.
A commencer par
Pékin, dont la renaissance est époustouflante ! Quel plaisir de se balader dans ses
hutongs rénovées avec goût, qui cachent au fond d’une cour arborée un boutique-hôtel de charme, un café branché, une boutique de mode stylée, une petite échoppe bringuebalante semblant venir d’un autre temps, où une dame affairée concocte sous vos yeux une délicieuse
tang mian… le tout sous un ciel bleu d’hiver comme il n’en existe nulle part ailleurs.
Un trait de TGV, et nous voici à
Shanghai. La ville s’offre au voyageur dans toute sa beauté électrique, tournée vers le business mais aussi la fête, l’art, la gourmandise !
Shanghai ville-monde, référence absolue en matière de culture, d’éducation, d’élégance, virevolte et n’en finit pas de nous éblouir.
Plus au
Sud, revoir
Hong Kong reste une émotion intacte : sa baie magnétique, parmi les plus belles du monde, sa skyline
fengshui perçant le ciel, sa nature galopant jusqu’aux plages idylliques de
Tai Long Wan ou de
Shek O ravissent les yeux et le cœur.
Si l’on monte vers le
toit du monde à bord du plus haut train du monde,
Lhassa nous attend, drapée dans le pourpre de ses
tangken, nimbée d’une puissance méditative, éternelle et philosophe. Si l’on file vers
l’Ouest,
Kashgar la malicieuse nous offre le décor ciselé de sa ville de terre, la profusion de son grand bazar, l’un des plus riches du monde.
Dans cette grande traversée des villes chinoises, il ne faut pas négliger
Canton, toujours cool et détendue, déjà presque tropicale avec son air de villégiature et sa brise tiède venant de la mer ;
Xiamen aux criques ombragées de pins ;
Lijiang éthérée au pied de son Dragon de Jade ;
Pingyao la troglodyte ;
Chengde et son petit Potala… et tant d’autres villes déployant leur charme singulier et leur richesse patrimoniale à travers le vaste Empire.
Admirables aussi, les autoroutes sans fin qui nous emmènent dans une nouvelle mythologie du
road trip à travers les vertes prairies de
l’Amdo,
les hauts sommets tibétains de l’U-Tsang, le
désert de Gobi…
Une sensation de liberté et de confort insolite quand on voyageait il y a encore dix ans à 40 km/h sur des pistes de ciment cahotantes ! La possibilité, aussi, de découvrir certaines régions autrefois enclavées et le bonheur de les rejoindre sans trop de fatigue.
Au détour d’une autoroute flambant neuve, on découvrira un
village du Guizhou niché dans les rizières, au bord d’un torrent aux eaux claires. Partager durant quelques jours l’égrenage du coton avec ses habitants, admirer la grâce des femmes trempant leurs lourds pans de tissus dans un bain d’indigo bleu nuit, la précision d’une jeune fille brodant à un coin de ruelle, l’énergie d’une grand-mère ratissant un parterre de riz pour le sécher au soleil de l’automne... Expériences sensibles et humaines qui rappellent combien la Chine vit aussi au rythme séculaire des saisons, loin des lueurs de la ville.
En ces scènes inchangées depuis des siècles, qui tranchent parfois brusquement avec la folle énergie des métropoles, repose toute la poésie et la complexité de la Chine que nous aimons. Passé et futur,
yin des campagnes,
yang des villes, nous voici à nouveau en équilibre sur un fil, subtil souvent, fragile parfois, mais qui jamais ne rompt. En cette année nouvelle, chevauchons le
Dragon de Bois et filons vers la grande Chine !